LA GALERIE DOREE DE LA BANQUE DE FRANCE
Dans l’actuelle Banque de France, la Galerie Dorée de l’Hôtel de Toulouse
est le seul vestige de la somptueuse demeure du Comte de Toulouse, second fils de Louis XIV
et de Madame de Montespan, elle a gardé l’ensemble de ses décors de boiseries du 18ème siècle.
Cette salle d'apparat de la Banque de France a été le théâtre des grands moments qui ont marqué l'institution, depuis le lancement du franc germinal jusqu'à l'avènement de l'euro. Elle a survécu à la Révolution et aux usures du temps. Au prix de rénovations spectaculaires, elle a traversé les restructurations lourdes imposées au siège de la Banque de France depuis sa création, il y a plus de 200 ans.
La Galerie Dorée, modèle du style Régence, est devenue l'emblème de l'institution financière. Un symbole parfois dur à porter. A l'heure de la monnaie unique et de l'eurosystème, certains s'imagineraient bien une autre représentation que ce vaste salon d'apparat, ses copies de grands maîtres classiques italiens, sa somptueuse fresque, ses lambris et ses boiseries dorées. Mais le poids des souvenirs est trop lourd. L'histoire de la banque, et de l'économie française en général, est intimement liée à la galerie dorée. De la fixation des taux d'escompte au 19ème siècle, au lancement du nouveau franc en 1960, tous les grands choix financiers du pays s’y sont décidés.
En 1808, Napoléon autorise l'acquisition de l'hôtel de Toulouse, « un palais proportionné à la grandeur de son établissement et à la magnificence de la ville de Paris ». La propriété a été construite au 17ème siècle par l'architecte François Mansart pour le seigneur de La Vrillière, il y a notamment fait construire une grande galerie pour y exposer ses œuvres : 40 mètres de long pour 6,5 de large et 8 de haut. La salle monumentale sera entièrement repensée quelques décennies plus tard. En 1713, le comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, rachète l'hôtel et confie au premier architecte du roi, le soin de redécorer l'ensemble au goût du jour. Les travaux vont durer cinq ans, mobilisant des grands artistes de l'époque. La galerie est entièrement réaménagée et les parois, recouvertes de lambris dorés ; l'esprit baroque de l'ensemble est accentué.
Empêtrés dans les programmes d'agrandissement de l'établissement, qui se succéderont au fil du 19ème siècle, les régents de la Banque de France se soucieront peu de l'état de la galerie dorée, jusqu'à ce que son état délabré nécessite un traitement de choc, en 1865. Dans les plus hautes sphères de l'Etat, on commence à se préoccuper de préservation du patrimoine. De plus, le second Empire a ravivé le goût pour les grands banquets, les bals, les opéras ... La galerie dorée redevient un lieu à préserver. Mais le chantier est colossal. L'aile qui abrite la fameuse salle doit être démolie et reconstruite à l'identique. Les précieuses boiseries sont déposées et remontées. La grande fresque du plafond est copiée sur toile et appliquée sur la fausse voûte reconstituée. Des copies des dix tableaux originaux confisqués sous la Révolution sont exécutées et intégrées dans la salle restaurée. Après cette sévère cure de rajeunissement, le lieu retrouvera ses fonctions, accueillant diverses assemblées.
Maintenant, elle accueille les réunions internationales ainsi que les conférences de presse. Pendant longtemps, la galerie a aussi servi de salle d'examens pour les oraux des concours de cadres de la banque. Dans un autre registre, la salle a également servi de décor à plusieurs films. Pour la préserver, son accès est désormais strictement limité. Ses portes s'ouvrent au public à de rares occasions, sur l'insistance de quelques associations culturelles, ou lors des Journées du Patrimoine. Le symbole, peu à peu, se fait oublier ...