1 janvier 2015
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Tous les amoureux de l'Histoire, qu'ils soient avocats ou non, sont les bienvenus au Musée du Barreau de Paris. Il est situé non loin de l'église Saint-Eustache, dans les caves voûtées de l'Hôtel de la Porte. Cette demeure du 17ème siècle, qui a conservé le nom de son propriétaire du temps de Louis XIV, est inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques. Restaurée en 1980-1981, elle a conservé un beau décor sculpté en façade et présente à l'intérieur un vestibule sculpté et un escalier en pierre et en bois d'une exceptionnelle qualité.
La visite du musée est une invitation à parcourir plusieurs siècles de l'histoire de France. De multiples œuvres d'art (peintures, sculptures, gravures …) et documents originaux (manuscrits ou imprimés) permettent de faire revivre par le texte et par l'image le Palais de Justice d'autrefois, les magistrats et les avocats de l'Ancien Régime ainsi que les procès révolutionnaires (Louis XVI, Marie-Antoinette).
Le musée met également en valeur les destins d'exception d'avocats qui jouèrent les premiers rôles sur la scène politique comme Léon Gambetta et Raymond Poincaré. Il rappelle de célèbres épisodes de notre histoire judiciaire, au premier rang desquels figure naturellement l'affaire Dreyfus et le procès Zola à la suite du célèbre « J'accuse ! » (avec la correspondance et les notes de travail de Fernand Labori, qui fut l'avocat des deux hommes). D'autres procès sont évoqués, qui ont pour nom Ney, Cambronne, Madame Caillaux, Villain (l'assassin de Jaurès) ou Stavisky. Ce dernier avait monté une escroquerie monumentale à partir du Crédit Municipal de Bayonne ; le procès qui en est résulté a été suivi par le peintre Pierre de Belay, dont la veuve a donné à l'Ordre près de 300 dessins, gouaches et peintures permettant d'évoquer le monde judiciaire des années 1930.
Les dernières vitrines du musée présentent les lettres d'adieu d'avocats tragiquement disparus pendant la 2ème Guerre Mondiale, la Résistance au Palais durant l'Occupation et les notes de plaidoirie de Jacques Isorni pour la défense de Robert Brasillach, puis du Maréchal Pétain. Ces différents documents permettent de constater à quel point l'histoire des avocats et de la Justice appartient à notre mémoire collective.
L'originalité du musée réside dans une riche collection de notes de plaidoiries, qui permettent de voir comment travaillaient les avocats, depuis Chauveau-Lagarde (défenseur de Marie-Antoinette) jusqu'à Jacques Isorni.
Le visiteur peut ainsi considérer le musée comme un livre très illustré ou comme un album d'images abondamment légendées. Il appartient à chacun d'y découvrir les hommes et les faits du passé, avec peut-être la tentation de se substituer à tel ou tel avocat dans les multiples causes présentées, voire de réformer les jugements d'hier à la lumière des enseignements de l'Histoire.