1 janvier 2017
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Une pépite théâtrale, sublimé par le regard de Pierre Pradinas et la douce folie de Romane Bohringer. Dans un décor où les murs, les meubles et le sol se confondent, cette Cantatrice n’a pas fini de nous balader dans son labyrinthe de l’étonnement.
Pierre Pradinas retrouve Romane Bohringer dans un monument du théâtre de l’absurde. Tout est anglais dans cette histoire : les personnages, la pipe, le fauteuil, le journal ... M. et Mme Smith reçoivent les Martin à dîner. Ils parlent de choses et d’autres sans rien échanger de personnel, une situation à la fois banale et universelle, que Ionesco fait naitre dans cette pièce. Il n’y a de surcroît ni psychologie des personnages, ni événement particulier, ni chronologie, ni réalisme. Un défi à toutes les conventions théâtrales. Sur scène, la tension, la cocasserie, l’absurde montent en puissance. L’ambiance finit par virer au délire absolu, à une pure folie, dans laquelle les comédiens se donnent à corps perdu. Au fil de ce crescendo, la pièce ne se contente plus de dynamiter des codes. Elle ouvre aussi à une vision de l’humanité, perdue, une sorte de désespérance cosmique et ... comique.
Pierre Pradinas a fait de ce texte irrésistible la pierre angulaire de son impressionnant parcours théâtral. Une musique spécialement composée pour cette mise en scène et le choix de la distribution, sont des clés déterminantes pour aborder cette pièce majeure du répertoire contemporain. Il s’est donc entouré de comédiens savamment sélectionnés pour leur adéquation à l’univers de Ionesco dont la brillante et irrésistible Romane Bohringer, nommée aux Molières dans la catégorie Meilleure Comédienne pour son rôle dans la pièce.
« Une des raisons pour lesquelles La Cantatrice chauve fut ainsi intitulée, c’est qu’aucune cantatrice, chauve ou chevelue, n’y fait son apparition. » Eugène Ionesco
Romane Bohringer est sur les planches pour La Cantatrice Chauve. Mise en scène par Pierre Pradinas, la célèbre pièce du dramaturge Eugène Ionesco reste un régal de mots et de situations burlesques qui résonnent encore avec l'actualité. La Cantatrice Chauve est un monument du théâtre de l'absurde, « anti-pièce » par excellence, le metteur en scène s'est emparé avec délectation du texte d'Eugène Ionesco. Il embarque avec lui une petite troupe de comédiens férus de situations incongrues. Un nouveau registre pour Romane Bohringer. C'est la huitième collaboration entre Romane Bohringer et Pierre Pradinas, mais avec Ionesco la comédienne s'attaque à un nouveau registre tragi-comique. « Ces dialogues absurdes entre les personnages, ces non-conversations permanentes, ces paradoxes d'un mot à l'autre, il y a quelque chose d'hilarant chez Ionesco et de très spirituel qui au début m'a désarçonnée », confie la comédienne.
Théâtre de l'absurde très sérieux. Qualifiée d'absurde dès ses débuts, la pièce écrite en 1950 par le dramaturge roumain est en fait une critique acerbe d'une petite société bourgeoise qui tourne à vide. Mais plus qu’une satire du conformisme, Ionesco fait la « comédie de la comédie », selon sa propre expression. « On se dit c'est n'importe quoi et en vérité c'est une pièce hyper forte créée au moment de la guerre froide et qui montre l'angoisse et le repli sur soi des gens », analyse le metteur en scène. Au mot « absurde », Ionesco préférait celui d’"étonnement". Ce qui est absurde, en effet, ce n’est pas son théâtre, c’est le monde qu’on découvre dans le miroir qu’il nous tend : le nôtre. Depuis 1957, La Cantatrice Chauve est jouée au Théâtre de la Huchette. La Cantatrice Chauve est devenue l'une des pièces es plus jouées en France ; elle a reçu un Molière d'honneur en 1989.
Publié par SORTIES POUR TOUS