Après un succès public et critique ainsi que 4 nominations aux Molières 2011 (Théâtre public, Metteur en scène, Jeune talent masculin pour Guillaume Marquet (lauréat), Décorateur), Le Dindon revient pour notre plus grand plaisir.
Dans une mise en scène très inventive, Philippe Adrien dirige d’une main de maître la périlleuse affaire entre les hommes et les femmes. En exploitant furieusement le ressort comique et angoissant du vaudeville par excellence, il nous entraîne dans la spirale infernale de la comédie humaine : époustouflant.
Pontagnac, coureur invétéré de jupons, suit Lucienne, bourgeoise vertueuse, jusque chez elle où il lui fait expressément des avances dans son salon. Quand soudain surgit le mari, qui n’est qu’autre que Vatelin, un de ses amis. L’affaire s’arrange très vite entre les protagonistes, Vatelin connaissant Pontagnac, il lui pardonne sans réserve. Elle est aussi courtisée par un jeune soupirant dandy, Rédillon dont elle est se refuse à succomber car seule l’infidélité de son mari pourrait l’inciter sans aucun scrupule à commettre l’irréparable. … C’est alors qu’un évènement imprévu sème la zizanie : Maggy, une ex maîtresse farfelue de Vatelin lorsque ce dernier était à Londres, débarque à l’improviste et menace de se suicider. Or, Vatelin s’étant confié benoîtement à Pontagnac au sujet de son incartade, ce dernier en a profité pour tout révéler à son épouse. Décidée à mettre à exécution sa résolution de femme bafouée, elle prépare un plan diabolique pour se venger. Mais rien ne se passera comme prévu où le mari de l’anglaise, marseillais d’origine, et la femme extravagante de Pontagnac vont jouer les troubles faits.
On est d’entrée saisi par la scène d’ouverture, une image surréaliste qui imprime toute la folie et le trouble kafkaïen dont le metteur en scène va imprégner la mécanique, savamment orchestrée mais aussi bousculée, des situations et des personnages pendant toute la durée du spectacle. Il en donne là une construction brillante, délirante, facétieuse, sombre, et triviale emportée par les douze acteurs virtuoses au jeu chorégraphié et expressionniste. Le dispositif scénique en se transformant ingénieusement d’une pièce à l’autre, accompagne les enjeux, les quiproquos, les péripéties, les rebondissements et les pulsions incontrôlables.
Dans un mouvement de troupe à l’unisson, la satire se charge de la caractérisation des personnages bien sentie où leur faiblesse, leur mesquinerie, leur machisme, leur roublardise, leur méprise se révèlent imparables.
La vie dans tous ses états où les hommes dépossédés de leur pouvoir sont les dindons de la farce…