1 janvier 2021
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Capitales & Pays Baltes
Tallinn, Riga et Vilnius : les trois perles baltes
Les trois Pays Baltes et leurs capitales sont si différents
Tallinn, la médiévale. Estonie
Riga et l’art nouveau. Lettonie
Vilnius, la baroque. Lituanie
Tallinn, Riga et Vilnius, et leurs régions
en Estonie, Lettonie et Lituanie
Capitales de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie,
Tallinn, Riga et Vilnius sont trois joyaux architecturaux dont les centres historiques
sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.
que vous aurez vraiment le sentiment d'être parti pour un grand voyage
de découverte de cette partie de l'Europe, encore si méconnue à l’Occident.
Trois nations, trois langues, trois cultures … et la même envie de liberté
et de reconnaissance. Les titres des capitales parlent pour eux-mêmes :
Vilnius Baroque, Riga Art Nouveau, Tallinn Médiévale …
Tallinn est un petit bijou médiéval. C’est une ville d’atmosphère, où le joyeux dédale de ruelles invite à la flânerie et nourrit l’imaginaire. Une ambiance qui fait le bonheur d’Indrek Hargla, un auteur estonien de polars moyenâgeux, comme L’Énigme de Saint-Olav, traduite en français. En effet, la vieille ville a conservé une grande partie de ses remparts, avec leur ribambelle de tours de garde : ils courent encore sur près de 2 km, enserrant aujourd’hui ville haute, Toompea, et ville basse.
Où était le vrai pouvoir ? Du côté des Chevaliers teutoniques, un ordre de moines-soldats, retranchés sur la colline ? Ou du côté des riches commerçants de la Ligue hanséatique établis dans la plaine ? Dès 1285, Tallinn entre dans cette association de marchands, capable de traiter d’égal à égal avec les puissants du monde médiéval, chevaliers teutoniques compris, pour défendre bec et ongles ses privilèges. Produits manufacturés (draps, vins ...) provenant de l’ouest de l’Europe s’échangent contre de l’ambre, du sel, des fourrures, venus de l’Est et du Nord. De cette période faste, la cité a gardé des maisons cossues : la rue Pikk en regorge. Elles sont aisément identifiables grâce à leur fronton triangulaire, à leur façade étroite, à la poulie qui orne encore le dernier étage, où étaient hissées les marchandises.
Au début du 20ème siècle, Riga, cinquième ville de l’empire russe, est une cité industrielle florissante. Dans ce "petit Paris letton", le long des nouveaux boulevards installés sur les anciens remparts, s’ouvre une multitude de chantiers. L’Art nouveau (Jugendstil pour les Allemands), que l’époque porte aux nues, s’y impose. Aujourd’hui, Riga possède l’un des ensembles Art nouveau les mieux conservés au monde : dans le centre, 40 % des bâtiments relèvent de ce style foisonnant. C’est un vrai musée à ciel ouvert. Une véritable symphonie dans la pierre.
Entre tous les architectes de cette période, Mikhaïl Eisenstein (1867-1920) passe pour le plus talentueux. Nous devons à cet ingénieur civil, mondain et fou d’opéra, les plus belles réalisations Jugendstil dans les rues Alberta et Elisabetes principalement. Certains de ses contemporains jugèrent son œuvre obscène. D’autres s’amusaient à identifier les cantatrices, qu’il aurait immortalisées dans l’entrée ou au fronton de ses immeubles. Le Riga art nouveau se parcourt nez au vent pour scruter sur les façades chimères ou griffons, mais aussi tout un cortège de nymphes dénudées ou quelques faunes grimaçants. Un petit monde criant de vérité, prêt à descendre de son piédestal !
À défaut d’un vrai palais (l’actuel en est une pâle reconstitution, datant du 21ème siècle), il est difficile de prendre la mesure de ce que fut la puissance des grands-ducs de Lituanie entre les 14ème et 18ème siècles. Un temps, ils régnèrent même de la mer Baltique à la mer Noire. Ils comptèrent aussi un saint parmi eux : Casimir (1458-1484), canonisé dès 1522 par la papauté. Belle consécration pour ce pays longtemps païen et considéré comme "la fille tardive de l’Église".
Cela n’empêcha pas la montée en puissance du protestantisme que l’évêque de Vilnius voulut contrecarrer en invitant les jésuites dans sa ville pour fonder écoles et université. Ce sont eux qui importèrent le baroque à Vilnius. La première église fut consacrée en 1635, inspirée par l’église du Gesù à Rome et dédiée ... à Casimir, devenu le saint patron du pays. Il y en eut d’autres. Beaucoup d’autres. Rien que le centre historique en comporte une trentaine! Le ciel de Vilnius est hérissé de clochetons, campaniles, coupoles. Mais rien n’égale l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, reconstruite à partir de 1668. Une vraie merveille. Un décor échevelé, étourdissant d’un blanc neigeux. Elle héberge près de deux mille sculptures en stuc, à ne pas savoir où poser le regard. De cette époque baroque, la capitale lituanienne conserve également quelques hôtels particuliers ou palais, plus ou moins restaurés. Détails d’une façade, petites cours intérieures surprenantes ... Il faut parcourir la ville et ses ruelles, l’œil aux aguets.
A l’est de la Baltique !
La question de savoir à quel pays balte attribuer quelle capitale laisse souvent embarrassé. Le mieux, pour fixer les choses, est sans doute d’aller voir sur place. Chaque ville ayant son histoire, ses particularités et son atmosphère, elle fournit elle-même les éléments d’identification. Balte certes, mais encore lituanienne, lettone, estonienne sans confusion possible. Vilnius en impose par une histoire prestigieuse, dont témoignent encore maints monuments. Ce qui ne l’empêche pas d’être avenante, ouverte aux nouveautés, enthousiaste. Des mondes se croisent dans le lacis des rues pavées. A Riga, il fait bon vivre ! La ville dispose de l’un de ces marchés qui indiquent que la chalandise tient bien à table. Et la bonhomie dont ceci s’entoure rend aimable la fierté de posséder un tel héritage artistique. Tallinn possède une élégance dont la raison échappe. Il y a là quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs, un équilibre, une sveltesse. Des contrastes donc, mais pas d’opposition. On passe d’une ville à l’autre de façon fluide, dans des paysages doux, que les nuages rendent mélancoliques et le soleil scintillants. Les créneaux gothiques et les volutes de l’art nouveau ne s’excluent pas, ils cohabitent en bonne entente. Ainsi aller dans les Pays Baltes, c'est faire un beau voyage à la fois divers et harmonieux.